Ceci est l'article 9 sur 12 de la série 10 étapes pour concevoir un roman de fiction

L’étape 8 – Créer des fiches de personnages (1j/personnage)

Vous y êtes ! Si, si, je vous assure. Le synopsis fut une épreuve ? C’est normal, mine de rien il force à mettre à peu près tout en place. Vous avez dû faire des choix, commencer à vraiment voir votre récit, en comprendre la mécanique intrinsèque, et cela peut être douloureux et sembler long quand on aurait déjà pu noircir plusieurs dizaines de pages dans le même temps…

Mais vous l’avez fait ! Alors maintenant, en récompense : Quartier libre ! Faites-vous plaisir, détaillez vos personnages autant que vous le voulez. N’oubliez pas qu’ils sont le moteur du récit, sans eux, sans leur progression, il n’y a pas d’histoire, et sans leur profondeur, votre récit n’aura pas d’âme. Alors ne lésinez pas, votre imagination est la seule limite. Vous devez les connaître, les sentir, savoir comment ils parlent, sentent, bougent. Oui je l’avoue, c’est une de mes étapes préférée, que voulez-vous, sans doute une petite madeleine de Proust d’ancien joueur de jeux de rôles…

Reprenez les descriptions de vos personnages de l’étape 4, et formalisez le tout en une véritable fiche signalétique (cela peut être une simple liste, un tableau, une vraie fiche produit… la mise en page est entièrement votre choix du moment que vous y retrouvez vos petits). Elle vous servira de référence tout au long de l’écriture, bien sûr, mais c’est surtout un prétexte pour leur développer leur propre personnalité. Voici quelques indicateurs des points les plus classique, mais tous détails que vous jugez nécessaire peut y être ajouté bien sûr, cette liste n’est qu’indicative :

Les classiques

Son histoire

Divers

· Nom/Prénom/Surnom
· Nom de famille/de jeune fille
· Date/Lieu de naissance
· Sexe/orientation sexuel
· Description physique
· Professions/Hobbies
· Qualité/défauts
· Personnalité
 · Généalogie
· Biographie
· Epiphanie
· Motivations/buts
· Son passé/son futur
· Animaux de compagnie
· Possessions
· Maladies/handicaps
· Lieu de résidence
· Phobies
· Couleur préférée
· Orientation politique/religieuse
· Habillement
· Tics 

 

Exemple

La fiche de Kevin Craft, notre héros du moment :

Nom (surnom) :

Kevin Craft (Kev)

État civil :

Date de naissance :        12/05/1975         Sexe :   M           Statut marital : Marié sans enfant

Description physique :

1m75 / 75kg, brun cheveux courts en épis jamais coiffés, yeux noisettes, pas très athlétique mais pas d’embonpoint notoire. Visage imberbe, pas de lunettes.
Toujours habillé de la même manière puisque pour simplifier sa garde-robe et les permutations de chaussettes/chaussures de sa jeunesse il n’a que les mêmes vêtements en plusieurs exemplaires : Dockers gris anthracite, T-shirt noir, chaussettes et chaussures de sport blanches

Description de la personnalité :

Trouble de la personnalité Asperger / Avoidant / Obsessif compulsif. Introverti, pas particulièrement timide, mais vit dans son monde, pas de sens classique des pointeurs sociaux, nombreux TOCs.
Obsédé par son travail, aucune empathie, à part quelques bribes envers sa femme acquises au fil de leur longue relation.
Il est accroc aux bagels aux chocolats.

Profession :

Chercheur. Son éducation s’est faite en partie par correspondance et en autodidacte. Il possède toutefois deux doctorats en bonne et due forme : en mathématique et en physique appliquée.

Hobbies :

Micro-informatique, plus par obligation dans ses travaux.

Possessions :

Un brevet déposé pour un obscur procédé de raffinement du graphène lui assure des revenus en provenance des différents laboratoires et industries en faisant usage. Sans être riches, lui et sa femme vivent confortablement et sont prioritaires d’un appartement en terrasse dans un ensemble d’immeubles cossu. Il ne sait pas conduire et ne possède donc pas d’automobile.

Histoire/biographie :

Deuxième enfant arrivé sur le tard d’un couple d’agents en assurance, Kevin a très tôt montré des signes d’inaptitudes à la vie sociale. Enfant surdoué, ses notes n’en étaient pas pour le moins catastrophiques en raison de son comportement et non-respect des devoirs et autres formes de contrôles. Ces parents le considèrent longtemps comme un attardé et agissent en ce sens en le plaçant dans une école spécialisée jusqu’à l’âge de 7 ans. C’est en fait sa sœur de dix ans son aînée qui détecte le prodige lorsque ce dernier assimile ses cours du lycée et l’aide à résoudre ses problèmes de mathématiques.

Il est alors envoyé en internat à l’autre bout du pays dans un centre spécialisé pour les surdoués cette fois-ci, mais là encore, ses comportements sociaux sont un frein à son intégration. Par chance, l’une des enseignantes se dévoue à son cas et renforce un suivi psychologique. Délaissé par ses propres parents, il passe de plus en plus de temps avec son enseignante et sa fille de deux ans son aînée. Cette dernière est la seule qui semble peu à peu percer sa cuirasse et il lui devient rapidement attaché. Ils ne se quitteront plus,  et dès l’adolescence suivront un cursus commun en physique dans une université classique où sa future femme met tout en œuvre pour qu’il puisse s’intégrer. Parallèlement, il complète ses études par un cursus mathématique indépendant.

Son père décède en 1996 d’un infarctus, suivi en 2001 par sa mère des suites d’un cancer. Il laisse la succession à sa sœur, qui retourne s’installer dans la maison familiale avec son mari et ses deux enfants de 6 et 3 ans.

Il se marie en 2003 lors d’un congrès à Las Vegas, à la plus grande surprise de sa femme qui ne s’y attendait pas. La demande est faite emprunte d’une logique froide et implacable derrière laquelle elle seule peu déceler l’émoi et les sentiments de son mari. C’est en réfléchissant sur le cheminement les ayant amenés ensemble qu’il se lance dans ses recherches sur la probabilité et songe à en deviser un algorithme couplé à une modélisation informatique d’un environnement donné.

Il travaille depuis à concrétiser ses idées théoriques, avec l’aide de sa femme et le support de l’ONU qui finance leurs recherches.

Motivation (abstrait) :

Global = Percer les mystères du hasard, modéliser la « destinée ».
Storyline = Sauver sa femme

Besoin (concret) :

Global = Sa femme dont il est totalement dépendant
Storyline = Briser les barrières du temps

Conflict(s) :

Il est aveuglé par sa tâche ce qui lui fait prendre des décisions dangereuses (bafouer les protocoles de l’ONU, ignorer les lois sur la vie privée, expérimenter sur lui-même…)

Il est sociopathe (pas au sens « tueur en série » du terme, plutôt trouble de la personnalité genre Asperger / avoidant / schizotypal, sa femme était celle lui permettant de fonctionner en société, livré à lui-même ses repères sont faussés.

Épiphanie :

Il parvient à remonter dans le temps, mais réalise que le destin n’est pas de ces pages que l’on peut réécrire ni « modéliser »

Le document de conception jusqu’à maintenant : Et si je te sauvais – conception – ÉTAPE8

 

Résumé

Développer les descriptions des personnages (étape 4) en une véritable fiche signalétique de personnage détaillant tout ce qu’il y a à connaître de chacun d’eux.

  • Les choses classiques comme l’état civil, description physique, travail, hobbies, possessions…
  • Son passé/futur, biographie, motivation, but, épiphanie…
  • Toute caractéristique utile à comprendre sa spécificité ou susceptible de lui amener une particularité exploitable dans le narratif.

=> Revenir en arrière dans les étapes précédentes maintenant que les personnages deviennent « réels » et imposent leurs demandes sur l’histoire.

10 étapes pour concevoir un roman de fiction – ÉTAPE 8

 

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