Titre

L’envol

Accroche

Pour certains d’entre nous, la fin n’est que le commencement.

Préface

Projet en cours d’écriture. Je n’en ai pas pour le moment. Tout dépend de mes recherches.

Résumé

Projet en cours d’écriture. Premier jet prévu autour d’octobre 2012.

Pitch

Des disparitions aux quatre coins de la planète, une organisation paramilitaire qui travaille sur des recherches de génétique interdites, un flic alcoolique sur le retour chargé d’enquêter sur une vague de crimes sordides de la banlieue sud parisienne, de vielles légendes qui ressurgissent, un mystérieux rôdeur.

Claire, une pigiste introvertie hantée par son passé, torturée par des cauchemars de plus en plus violents et réalistes, se retrouve propulsée au centre de ces étranges événements. Qui sont les membres de cette secte oubliée qui ressurgit ? Amis ou ennemis ? Que lui veut l’énigmatique personnage qui la talonne ?

À la frontière de la science et du folklore gît un secret jalousement gardé depuis des millénaires. L’enquête de Claire va la conduire à la croisée des chemins, une vérité édifiante qui lui viendra à un prix redoutable. Pour savoir… elle devra tout perdre.

Description

Écrit en 2012. Thriller fantastique sur fond de force intérieure, destinée, troubles de la personnalité, science et croyances païennes. L’idée de base de ce roman m’est venue en 2010. J’ai dû l’enfouir très profondément, car je finalisais « Forfait illimité* » à l’époque, et amorçais un étrange défi de roman-feuilleton qui me mena à « Marqueur 26 ». Bref… « L’envol » est un hybride, démarré en pur mode scriptural par l’écriture de deux scènes qui me hantaient, et que je dois désormais structurer pour en faire un vrai récit cohérent et captivant. C’est mon roman millésime 2012.

380 510 signes (en cours d’écriture).

Extraits

Pour le moment cette scène est en prologue, mais c’est un électron libre qui est éventuellement amené à bouger en fonction du plan.
Cette scène “volante” est totalement disjointe du reste du récit (temporellement et géographiquement), elle peut être appelée à changer de place, être remaniée en flash-back, ou même disparaître…

Édit du 14/05/2012, je viens de finir le plan, cette scène sera quelque peu revue et se retrouvera propulsée autour du quart du roman.

Édit du 18/06/2012, voici le vrai prologue de la nouvelle mouture, suivi de l’ancien propulsé en chapitre 22. Il s’agit toujours de premiers jets voués à évoluer.

 

Prologue

(-1 Mrd années)

 

 

Un silence absolu règne. Il ne fait pas froid. L’étoile proche irradie les chaleureux 6 000°C de sa surface dans l’espace environnant. L’amas nébuleux dont elle est issue tend ses piliers de gaz et de particules vers l’infini, longs tentacules absinthe et orangé, dressés vers une autre nébuleuse comme un défi, ou un appel muet à le rejoindre pour briser sa solitude sans fin.

Tout est figé. Les contrastes sont absolus. Les étoiles piquettent le rideau noir profond de leurs lumières aussi variées en couleurs qu’en intensités. Deux galaxies en spirale découpent leurs silhouettes au loin, leurs bras s’effleurent, immobiles en apparence malgré le lent mouvement circulaire et immuable qui les animent et les rapproche sans cesse jusqu’à l’embrassade finale, la collision ultime. Mais le choc n’est pas pour aujourd’hui, pas avant deux ou trois milliards d’années.

Pour le moment tout est calme, paisible, cristallisé. Pas un mouvement, pas un bruit. Juste un tableau hors du temps, sans peintre ni chevalet. Presque une photo, s’il n’y avait les légers remous du plasma rouge de la couronne stellaire pour accentuer encore l’immobilité absolue de tout le reste. Comme si le seul être vivant aux alentours fût justement cette étoile. Et toujours le silence.

Pourtant, derrière cette sérénité apparente, quelque chose se trame depuis quelque temps déjà. L’équilibre parfait qui maintient toute étoile, entre gravité et pression, implosion et explosion, touche à sa fin. Le cœur de l’astre digère ses dernières particules d’hydrogène. Dans quelques secondes, la fusion thermonucléaire, seule garante de plusieurs millions d’années d’une osmose parfaite, va s’éteindre faute de carburant. La gravité va gagner cette bataille, comme toujours.

Cet arrêt brutal équivaut à bloquer une barre à mine entre les rayons d’un vélo lancé à pleine vitesse, à dresser subitement un mur au bout de la dernière ligne droite d’un grand prix de formule 1 : à l’échelon de cette étoile, c’est la mort assurée…

Elle est pourtant jeune. Mais les soleils de cette taille vivent toujours dans la démesure, brûlant de tout leur feu à une vitesse folle, jusqu’à leur fin inévitable et éblouissante.

Peu de choses sont instantanées sur l’échelle temporelle du cosmos, mais une explosion hypernova est l’un de ces rares instants. En moins d’une seconde, le cœur brutalement privé de son élément premier se rétracte soudain à une portion infime de sa taille initiale. Il devient si dense qu’une cuillère à café de sa composition pèse plus lourd qu’un Gratte-ciel de Wall Street avec tous ses occupants.

Une simple ondulation de la surface rubis mouvante trahit un instant le changement drastique qui vient de s’opérer en son centre. Un pavé dans la marre qui provoque des vagues concentriques, rien de plus. Puis brutalement, dans un silence toujours absolu, c’est l’apocalypse.

Le rouge sang de l’étoile tourne au bleu étincelant. La surface se marbre de l’azur le plus sombre au blanc le plus étincelant. Le noyau cannibalise tous les composants de l’étoile, la rongeant de l’intérieur dans un dernier sursaut. Les forces magnétiques, la friction et la température atteignent des seuils que seules les premières secondes du big bang ou d’autres hypernovæ ont pu égaler. Le noyau est trop gourmand. Il ingurgite trop et trop vite. Il s’étouffe, régurgite le surplus en deux énormes rayons énergétiques qui jaillissent de chaque hémisphère de l’étoile. Cette dernière semble se contracter, hésiter, puis explose tout d’un coup en des gerbes rouge et fuchsia intenses. À sa place : un trou noir.

Les deux rayons énergétiques primordiaux, des sursauts de rayons gamma, poursuivent leur voyage dans des directions opposées à une vitesse équivalente à celle de la lumière. Le premier file en ligne droite, d’une telle puissance et d’une telle énergie qu’il peut anéantir n’importe quel système solaire au complet sur son passage. Mais l’univers est vaste et majoritairement vide. Le sursaut gamma se tarit bien vite, en quelques minutes à peine. Propulsés par son élan, d’autres rayonnements poursuivent néanmoins inlassablement leur route, ne perdant rien de leur vitesse. Ils parcourent les galaxies, tracent leur voie au creux des nébuleuses, au travers des courants galactiques. Un long voyage de quatre-cent-millions d’années avant que ce flux invisible aborde un système solaire stable et pénètre l’atmosphère bleue d’une jeune planète. Le choc est indétectable, et pourtant d’une violence inouïe. Des neutrinos s’éparpillent dans l’atmosphère, des particules stellaires s’ionisent, des atomes sont brusquement accélérés. Pas d’explosion, pas un bruit, juste quelques aurores boréales particulièrement intenses. Et pourtant les changements sont drastiques, c’est la fin du monde pour la majorité des habitants du moment sur la planète Terre. Toute forme de vie y est à jamais bouleversée.

Sous l’impulsion des résidus d’une explosion vieille de près d’un demi-milliard d’années les molécules et bactéries terrestres mutent, leurs cellules s’associent en formes plus complexes et ouvrent la voie à l’ère de la vie évoluée. Pendant ce temps, aux confins du cosmos, l’astre géniteur continue son cycle.

Le trou noir contient toujours les éléments de base de son étoile, les premiers qu’il a absorbés à sa naissance. Depuis il s’est nourri de tous les débris que l’explosion a provoqués autour d’elle. Son irrésistible force de gravitation a déplacé des champs stellaires entiers, mettant à sa portée gaz, particules et étoiles naissantes de la nébuleuse la plus proche, dont il s’est gavé. Mais aussi puissant et monstrueux soit-il, lui aussi finira par perdre, comme son étoile avant lui. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, peut-être seulement dans deux-cent-millions d’années, mais un jour il succombera. Un jour il transcendera son état. Un jour de nouveaux jets d’énergies phénoménaux jailliront de cet endroit, un jour ils emprunteront le même chemin, un jour…

 

 

PROLOGUE 22
Printemps 1723, hauteurs d’Ochagavia – Espagne

 

— Libérez-moi ! Libérez-moi !

Domingo Véga se tortillait sur la table en chêne. Mais les cordes tendues à ses chevilles et ses poignets entravaient ses mouvements.

— Arrêtez, ne faites pas ça !

Une dague vint se planter sur l’une des planches à quelques centimètres de sa cuisse.

Dressée à la verticale dans la cour de la ferme, la table avec son prisonnier attaché les membres en étoile, était devenue une cible d’entraînement au groupe de pillards goguenards.

— Arrêtez, je vous dis !

Depuis le début, le prisonnier criait, ce qui aurait dû combler le chef des brigands, sensible à la détresse de ses proies. Mais quelque chose sonnait faux dans les propos de leur victime, Domingo ne hurlait pas de peur ni de frustration. Il les haranguait, lançant ses injonctions comme si lui commandait.

Agaçant, certes, pour celui à la tête d’une troupe de tueurs sanguinaires renommée — le gaillard de quatre-vingt-dix kilos tout en muscles, bardé de cuirasses et d’armes, n’appréciait guère ce ton badin —, mais surtout incongru aux vues de la situation. Domingo était attaché, impuissant, toutes ses possessions mises à mal sous ses yeux et aux prises à la pire bande de pillards de la région. Une once de peur n’était pas trop demandée, ou au moins un signe d’impatience, de doute peut-être ?

Le chef s’approcha dans l’intention de récupérer sa dague. Il toisa son prisonnier d’un air menaçant.

— Sais-tu qui nous sommes, chien ?

— Libérez-moi avant qu’il ne soit trop tard.

Il avait parlé avec calme, factuel. Le ton d’une discussion autour d’une chope d’hydromel dans une quelconque taverne. Il ne s’agitait plus dans ses liens.

Le pillard passa une langue épaisse sur l’intérieur de ses lèvres. Il inclina la tête d’un air menaçant et frappa le visage du prisonnier d’un revers précis et sec de la main droite. Ses mitaines cloutées creusèrent quatre longs sillons ensanglantés sur la joue de Domingo qui ne laissa échapper aucun son. Des gouttelettes pourpres tombèrent sur la chemise écrue du martyr, aussitôt absorbées par la toile grossière.

Sa bouche contre l’oreille du captif, le colosse murmura, découpant chaque mot :

— On va bien s’amuser toi et moi… Tu me supplieras avant la tombée du jour.

L’autre relava la tête et vrilla ses yeux dans les siens.

— Mais je vous supplie déjà… Je vous en conjure, pour le bien de tous, laissez-moi partir…

Le ton était froid, posé, un véritable affront.

Le guerrier arracha finalement sa dague, laissant un profond sillon dans le bois. Il soutint le regard de son prisonnier, et lui planta la lame dans la cuisse avec un sourire cruel.

L’autre cilla imperceptiblement. La commissure de ses yeux se rétrécit, sa mâchoire se crispa, et il déglutit à grand-peine en loupant une respiration.

— Crie, bâtard ! vociféra le bandit.

S’efforçant de reprendre son souffle, Domingo secoua lentement la tête en fermant les yeux, puis il se fit immobile, résolu. Il savait que rien ne changerait l’avis du brigand désormais. Leur voie était scellée.

— Croyez-moi… vous ne voulez pas me faire crier, murmura-t-il dans un souffle.

La brute se retourna vers ses compagnons qui s’amassaient pour assister au spectacle.

— Vous entendez ça les gars ? « Je ne veux pas le faire crier », paraît-il…

La bande de renégats en armures de cuir poussiéreuses éclata d’un rire gras.

— Il doit me confondre avec quelqu’un d’autre, c’est pas possible autrement, reprit leur chef avec une grimace.

— Vous ne comprenez pas…

Il se retourna vers son prisonnier.

— Oh, c’est moi qui ne comprends pas, maintenant ?

Il tourna la dague dans la plaie.

— Et là, tu comprends, toi ?

— Libérez-moi, libérez-moi !

Son visage tremblait sous la douleur, mais sa supplique restait froide.

— Mais c’est ça les gars, son problème, il connait pas bien la langue.

Le chef faisait de nouveau face à ses hommes.

— Tout ce qu’il sait dire c’est « libérez-moi ».

Il avait pris une intonation aiguë, moqueuse, et éclata de rire, suivi par le concert de sa horde de barbares.

— LIBÈRE MOI !

La voix avait couvert tous les rires et résonné dans la cour comme un coup de tonnerre grave et profond. Trop puissante pour sortir de la bouche du prisonnier. Trop grave pour sortir de la gorge d’un homme.

— Non ! répondit le captif lui-même.

Il serrait ses poings, sa mâchoire et ses paupières de toute la force dont il était capable. Les pillards comprirent que leur prisonnier ne cherchait pas à lutter ainsi contre la douleur. Son attention était tournée vers autre chose que ses blessures superficielles… quelque chose de bien plus profond, de bien plus préoccupant.

Les rires se turent, le chef se retourna d’un bloc vers le supplicié pour voir ce qui subjuguait ainsi ses hommes. Il sursauta, lâcha le manche de sa dague et recula de deux pas. Devant lui, l’homme se dédoublait. Comme s’il y avait deux prisonniers ; un de chair, et l’autre, éthéré et entouré de flammes cherchant à sortir du corps meurtri.

— LIBÈRE MOI !

L’injonction avait retenti partout et nulle part à la fois, sans point d’origine distinct, caverneuse et impérative.

Le captif redressa la tête et rouvrit les yeux. Son regard triste et grave balaya la cour saccagée et la petite bâtisse brune au toit de chaume. L’illusion autour de lui s’estompa.

— Libérez-moi, murmura-t-il toujours sans implorer. Le visage tourné vers son bourreau.

Un silence total s’ensuivit. Les pillards essayaient de comprendre ce qu’ils avaient cru entrevoir. Le chef s’écarta encore, portant la main au pommeau de son épée.

— Qu’est-ce que… balbutia-t-il en fronçant les sourcils.

Le prisonnier respirait lentement, régulièrement, profondément. Une respiration contrôlée faite pour maîtriser sa douleur, ou toute autre chose. Il toisa le chef.

— Libérez-moi, tout de suite…

Sa respiration commença à se saccader. De là où se trouvait le brigand, il entrevit deux anneaux rouges cerner les iris de l’homme. Il prit alors sa décision, recula et ordonna :

— Tuez-le ! Tuez-le !

Des arcs et des arbalètes apparurent aux mains des bandits. Des cordes furent bandées, des mécanismes crantés, et des projectiles chargés.

L’homme secoua lentement la tête de gauche à droite, résigné.

— Pauvres ignorants…

Une dizaine de flèches et de carreaux lui transpercèrent le buste, certains enflammés, d’autres non. Un projectile se perdit derrière la table, un autre frappa le bois au-dessus de sa main gauche. Sa tête retomba et il finit dans un râle :

— … vous nous avez tous damnés…

Les armes s’abaissèrent. Le chef rejoignit ses troupes. Personne ne parlait. Le bois de la table caressait par les flammes, commença à prendre feu, léchant lentement les contours du corps affaissé dans les cordes.

La troupe s’affaira à charger le butin de son pillage ; victuailles, alcools, outils et ferronneries de quelques valeurs. Toujours en silence, comme si l’atmosphère était chargée d’une aura peu propice à l’enjouement habituel.

Dans la cour, un brusque souffle s’engouffra quand les vêtements du prisonnier cédèrent aux attaques répétées des flammes.

Une odeur âcre de serge et de corde brûlée s’éleva. La table tout entière s’embrasa dans un long sifflement aigu ; l’huissement d’un faucon plongeant sur sa proie. Les flammes du bûcher s’élevèrent dans les cieux avec une violence inouïe.

Le brasier fut perçu à des kilomètres de là dans un petit village à flanc de montagne. De même que les échos des longs cris de terreur et d’agonie des pillards.