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De l’intérêt des corrections

Publié par Kanata le 18 mars 2012

Il n’y a pas que pour les romans que la correction est importante. Rien que cette semaine, pas moins de 3 publicités du métro parisien sont victimes de ne pas avoir revu la cohérence entre le fond et la forme, ce qu’elles montrent et ce qu’elles disent:

Chez Go sport on nous vante un vélo sans chaîne de vélo… sauf que sur la photo, à travers le drap, on voit nettement la chaîne… => FAIL !

Au bon marché, on nous promet un “moment de style exclusif“… La pose du mannequin est équivoque, c’est vrai qu’on ne fait pas assez d’efforts pour la mode des bossus et des polios, quel style ! Merci au Bon Marché de leur réserver une ligne exclusive… => FAIL !

Le BHV invente la machine à remonter dans le temps. Avec leur invention, ils nous offrent “les 6 jours du bazar” du 7 au 24 mars (soit durant 18 jours…) => EPIC FAIL !!

Arriver à faire de telles erreurs de cohérence en une phrase et une image… Je me dis qu’on n’est pas près d’avoir de la concurrence dans le domaine du roman de la part des publicistes…

Double nationalité

Publié par Kanata le 23 septembre 2010

Note

Les « textes à voix » comme leur nom l’indique, trouvent toute leur valeur lorsqu’ils sont parlés, et donc écoutés. Les liaisons, les élisions et leur rythme en général risquent de ne pas être retranscrits correctement par une simple lecture. C’est sans doute paradoxal pour un texte écrit, mais c’est aussi ce qui fait toute la force de la tradition orale et contée.

Description

C’était en 2008, on remballait nos affaires pour revenir en France après plus de 9 ans au pays du froid. Période de bilan, de questions, et d’inquiétude aussi…

On me demande souvent si je suis content de rentrer
Comme si ces dix dernières années je n’avais été qu’un étranger
Venu ici temporairement pour gagner plein d’argent
Et s’en retourner bourré d’Euro dans l’ex-pays du Franc
C’est le terme « retour » à moi qui me pose un problème majeur
Ça sous-entend que j’admets que Paris a toujours été ma demeure
Et si c’est vrai que Paname sera toujours dans mon cœur
Faut pas oublier que j’ai vécu 10 ans avec un décalage de 6h
Dorothée dit « il n’y a pas de meilleur endroit que sa maison »
Entre Paris et Toronto, faut-il vraiment que je me fasse une raison ?
Pourquoi c’est pas possible d’avoir deux cœurs identiques ?
Un pour la ville où tu es né et l’autre pour une ville magique,
Celle qui t’a reçu à bras ouvert sur ta terre d’accueil
Celle pour qui partir c’est un peu comme un petit deuil.

Je fais un mauvais trip, j’ai la double nationalité
Ça veut dire qu’il y a deux pays où je suis un étranger

Partir ou revenir, dépendant comment on veut le définir,
Ça reste bien sûr une aventure, et dans la vie y a pire.
Et je vais pas me plaindre, je peux pas dire que je suis malheureux
Mais je dois quand même avouer que ça me rend un peu anxieux.
Quand je suis venu au Canada c’était le néant total,
Je ne savais pas ce que j’y trouverais ou si je crèverais la dalle
Mais je crois que c’est pire de revenir dans un pays que t’as connu
J’aurais pas l’air d’un con si une fois là je reconnais plus mes rues.
Et puis au niveau du parler, du phraser, je parie que ça a beaucoup changé
Ça va sûrement me prendre un peu de temps pour me réadapter
En plus j’aurais même pas l’excuse de pas parler la langue
Quand t’y penses bien c’est un comble quand t’es bilingue
Je crois que ça prendra un certain temps d’adaptation
Avant que mon répertoire de vannes ne paraisse pas trop bidon.

Je fais un mauvais trip, j’ai la double nationalité
Ça veut dire qu’il y a deux pays où je suis un étranger

C’est qu’en 10 ans il s’en est passé des choses,
Quand je suis parti, le Franc n’était pas une affaire close.
Il semble que le pays ait survécu à deux présidents
Je pourrais même pas dire s’ils ont changé de camp.
Et puis y a toutes ces petites choses de la société
Les expressions empruntées aux pubs ou au ciné
On m’a dit aussi que l’Internet s’était bien développé
Et que grosse nouvelle y avait un black pour présenter le JT
Ça, c’est un autre aspect où je vais devoir m’habituer lentement
Vois-tu c’est qu’ici la minorité, ben c’est les blancs.
Tu vois tous ces petits trucs qui pour toi sont quotidiens
Mets-toi à ma place et comprends que moi ça ne me dit rien
Quand t’es baigné dedans tu t’en rends même pas compte
Mais quand tu reviens de loin t’as vite fait te mettre la honte

Je fais un mauvais trip, j’ai la double nationalité
Ça veut dire qu’il y a deux pays où je suis un étranger

Et puis bien sûr il va y avoir tous les p’tits bonheurs
Comme le café au lait le matin avec un croissant au beurre
L’odeur de pain chaud après la première fournée
Quand tu chopes ton bus pour démarrer la journée
Je vais retrouver les vrais transports en commun
Crois-moi sur parole, mais c’est mieux que rien
Il y a 4 millions de personnes à Toronto
Et c’est seulement desservi par trois lignes de métro
Je ne bois pas beaucoup, mais je vais retrouver les bistrots
À chaque coin de rue avec leurs enseignes du Loto
Au cinéma les films seront faits par des Français.
J’suis peut-être chauvin, mais c’est de meilleure qualité.
Y aura Paris, sa Seine et les balades sur les quais
Y aura tout un tas de musées à visiter

Après tout, c’est pas casse-pipe, j’ai la bonne nationalité
Alors quand vous me verrez, me traitez pas en étranger.

Perspective

Publié par Kanata le 3 septembre 2010

Note

Les « textes à voix » comme leur nom l’indique, trouvent toute leur valeur lorsqu’ils sont parlés, et donc écoutés. Les liaisons, les élisions et leur rythme en général risquent de ne pas être retranscrits correctement par une simple lecture. C’est sans doute paradoxal pour un texte écrit, mais c’est aussi ce qui fait toute la force de la tradition orale et contée.

Description

C’était en 2008, en France il y avait un mouvement de grève pour réclamer… plus. En Haïti, la même semaine, l’inflation ruinait le pays et la population commençait à manquer d’eau et de vivre. Moi, à mi-chemin, dans le confort douillet de mon sous-sol canadien, je me permettais de faire la synthèse :

Quand j’ai vu les titres de l’actualité, j’ai fait un bond
Je ne peux pas croire que personne n’ait fait la liaison.
Dans la même semaine, il y eut bien des protestations
Mais ce n’était franchement pas pour les mêmes raisons.
D’abord, c’est bien de pouvoir avoir des revendications,
Ça prouve qu’on est dans un pays ou y a eu de la libération.
Mais toi après ta marche tu rentres devant ta télévision
Pour d’autres ça s’arrête pas là une manifestation.

Mais je crois que pour tu comprennes il faut que je fasse différent
Alors le mieux encore c’est de laisser parler les slogans
Garde bien en tête que ce qui suit, ce que tu entends
Avec le décalage horaire, ça a eu lieu en même temps
Les premiers s’adressent à Paris et son Président
Les seconds à Haïti et leur gouvernement :

« On est crevé, on veut pas prendre le métro après 7h de travail »
« On comprend pas on bosse 16h et ça paye pas les victuailles »
« Fais pas le rat Sarko, vas-y donne nous des euros »
« S’il vous plait président Emilio, donnez-nous un peu d’eau »
« Donnez-nous des logements à Paris intramuros pour pas cher »
« Nos enfants sont en carence de calcium et de fer »
« C’est pas normal de bosser pour une ville où on peut pas se loger »
« Comment faire pour se reposer quand nos ventres sont affamés ? »

Alors tu vois, tes problèmes kafkaïens du prix des logements parisiens,
S’il te plait compare ça avec ceux qui défilent parce qu’ils ont faim.
Je te dis pas d’être militant et de te lancer dans l’humanitaire
Mais de relativiser un peu ce qui se passe sur cette terre.
Et c’est même pas le tiers-monde à Haïti, ils ont de la chance
Les touristes comme toi nous font vivre quand ils viennent en vacances.
Ils ont juste était touchés en plein par l’inflation
Et maintenant notre argent ne vaut plus un rond.
Alors va vite défiler pour réclamer un peu plus de RTT
Et Haïti tu pourras peut-être nous y retrouver
Utilise-le bien ton 13ème mois de salaire payé
Viens le dépenser ici, qu’on puisse manger.
Tu picoleras des pina-colada sous les cocotiers
Ne jettes pas la pulpe ça nous fait le petit déjeuner

Voilà je vais m’arrêter de parler de la misère
Quelque part ça me tape un peu sur les nerfs
Que dans notre super monde de communication
Il n’y ait pas eu un seul journaliste pour faire la corrélation
Qu’est-ce que tu veux que je te dise, des fois je m’emporte
À d’autres moments comme toi je me lave les mains de ce qu’est pas à ma porte.
Mais si moi je devrais remettre en perspective ma voix passive et la tourner en forme active.
Ben toi, choisis bien tes combats à Paris, mais n’oublie pas ceux qui crèvent de faim à Haïti.