Ceci est l'article 6 sur 12 de la série 10 étapes pour concevoir un roman de fiction

L’étape 5 – Développer la 4e de couverture en un synopsis de l’intrigue (1j)

Avec les personnages principaux ébauchés, vous devriez maintenant avoir une bonne vision générale d’où va votre histoire, et notamment si elle fonctionne dans les grandes lignes ou pas. Ce petit investissement de quelques heures peut vous faire économiser des mois d’écriture avant de vous apercevoir que le récit tombe à l’eau…

Continuons notre cheminement logique, il est temps de mixer l’intrigue générale avec celles des personnages pour obtenir un petit synopsis de référence. Rien de bien long, 1 ou 2 pages maxi, une petite touche supplémentaire qui sera elle aussi détaillée par la suite.

Reprenez votre paragraphe de l’étape 3 et tâchez d’en faire un synopsis de 4 paragraphes. Pour cela, développez la 1ère et 2nde ligne ensemble dans un premier paragraphe, puis chaque ligne restante en son propre paragraphe. Cela devrait donner trois paragraphes qui s’achèvent chacun sur l’un de vos écueils, et le dernier par le dénouement lui-même. Soyez explicite, c’est un outil pour vous, pas un exercice littéraire, donc le style n’a pas besoin d’être soigné et chaque mot pesé comme pour votre manuscrit final. Dû à mon passé canadien, il m’arrive d’avoir carrément des mots ou des phrases en anglais dans mon document de conception, ce n’est pas un problème, c’est pour MOI ! Le document de conception N’EST PAS À PARTAGER, ni avec un éditeur, ni avec un agent littéraire, c’est le journal intime de votre roman ! Bâtissez-le comme vous l’entendez et comme il vous sera le plus facile à utiliser. Quand il sera temps de préparer une fiche de présentation de votre roman pour partir à la pèche aux éditeurs, vous verrez que le travail fait ici pourra servir, moyennant un simple effort de le remettre au propre en vue de le partager (mais le plus dur sera fait et c’est un gain de temps appréciable).

Idées et toujours… CONFLIT !

C’est le moment de faire évoluer les idées et de développer le conflit, n’en restez pas aux principaux écueils utilisés jusque-là et qui ne sont autres que « le déclencheur » (écueil #1, la situation qui fait basculer dans le récit), « Les éléments perturbateurs » (écueils #2 et #3, qui sont les échecs principaux à l’avancée de la résolution), et « le point culminant » (climax final ou tout se joue / est dévoilé). Injectez dans chaque paragraphe de nouvelles idées, directions, petits obstacles, tensions…

Vous devriez maintenant avoir une histoire solide entre les mains. Toutes les zones sont en place sur la toile et il est temps de poser les grosses brosses et choisir des pinceaux plus fins pour commencer à détailler un peu les traits… direction la prochaine étape…

Exemple

« Kevin Craft est un génie à part qui sans le support inconditionnel de sa femme serait sans doute juste une autre âme errante aux fins fonds d’un asile miteux, rejeté par cette société dont il ne comprend pas les règles. Mais sous sa tutelle il a pu s’épanouir et briser de remarquables limites en matière de modélisation informatique et projection statistiques. Subventionnés par l’ONU, ils appliquent ses recherches à la prédiction des grands maux de notre époque dans l’espoir que l’organisme puisse sauver des vies en prévenant des catastrophes majeures. Rythmée au fils chaotique de la psyché de Kevin, le couple vit une vie marginale, mais néanmoins heureuse, elle sereine de son choix et son rôle important, lui plus fonctionnel qu’il ne l’a longtemps été. Un soir de gala, Kevin, pris dans ses travaux, laisse sa femme partir en avant et c’est le drame. Elle est attaquée et assassinée dans une ruelle adjacente au bâtiment où se déroule l’événement.

Livré à lui-même et son chagrin, Kevin est incapable de gérer la situation, il n’a tout simplement pas les outils et facultés sociales nécessaires. Les conversations les plus banales et les interactions quotidiennes auprès d’autrui lui sont déjà un effort surhumain, alors des démarches policières à l’enterrement, de la succession au suivi quotidien de la maison, il est totalement en territoire inconnu. L’entourage d’abord compréhensif se lasse rapidement de son comportement. Peu à peu il sombre, se renferme comme avant, redevient le phobique social qu’il était, mais rongé en plus de l’intérieur par une pensée très simple : il est le seul responsable de la mort de sa femme ! S’il avait été là, s’il l’avait suivi, rien de tout ceci ne serait arrivé. Abusant de ses droits et prérogatives, il utilise le matériel de son labo pour modéliser les événements autour de l’incident, outrepassant toutes les lois sur la vie privée, il récolte la moindre parcelle d’information pour parfaire son modèle. Exaspéré par son comportement, ces responsables décident de le suspendre du projet et exige qu’il se fasse suivre avant de pouvoir ne serait-ce qu’envisager son retour.

Kevin ne peut se résoudre à abandonner, son esprit ne le lui permettrait pas de toute façon, il est entré dans un état obsessionnel intense. Aucune action, aucune notion ne peuvent plus le dissuader d’atteindre son but : il va utiliser ses algorithmes pour projeter sa conscience dans le passé, « posséder » son propre corps quelques minutes, juste au bon moment, juste pour éviter le drame. Pour cela il lui faut voler ses dernières simulations toujours emprisonnées au cœur des systèmes de l’ONU, et trouver des financements pour monter rapidement le matériel nécessaire à son expérience. Et lorsqu’il est contacté par le magnat d’un mystérieux consortium désireux de savoir s’il voudrait appliquer ses recherches probabilistes à des fins plus lucratives, il n’hésite pas une seconde et s’engage avec le troublant Eugene Black. Mais ce dernier l’espionne de près et comprend vite que la réelle motivation du chercheur et de briser la barrière du temps, un pouvoir auquel Black ne saurait résister et dont il décide de s’emparer.

Les expériences progressent et Kevin approche du but en surmontant les difficultés techniques grâce à l’appui colossal de Black qui ne recule devant aucun crime pour lui procurer les composants les plus rares. Le soir de son premier test, Kevin se projette quelques minutes dans le futur et surprend sa propre mise à mort par les sbires du magnat. De retour dans le présent il n’a que le temps de se projeter dans le passé, une seule et unique chance de tout régler. S’il parvient à sauver sa femme, rien de tout ceci n’arrivera et la vie reprendra son cours normal, sans Black et sans voyage dans le temps. De retour au labo quelques semaines plus tôt il réincarne son corps juste après le départ de sa femme, lâche tout, et se précipite à sa suite. Il est arrêté à la sortie du bâtiment par l’un des sbires de Black et ne peut, impuissant, que regarder sa femme quitter le parking vers une destinée toute tracée… »

Le document de conception jusqu’à maintenant : Et si je te sauvais – conception – ETAPE 5

 

En résumé

À ce stade, si l’histoire ne fonctionne pas, cela devrait être apparent (mieux vaut le savoir maintenant qu’après avoir écrit 300 pages du premier jet…)

Développer la 1ère et 2nde phrase ensemble, puis chaque phrase du paragraphe de résumé indépendamment (étape 3), en un paragraphe complet. (Tous les paragraphes sauf le dernier devraient se finir sur un écueil, le dernier devrait quant à lui raconter le dénouement).

  • Essayer de faire tenir le synopsis sur une ou deux pages
  • Faire évoluer les idées
  • Développer le conflit

=> Il devrait maintenant y avoir une histoire solide.

10 étapes pour concevoir un roman de fiction – ÉTAPE 5

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